Mégane Visette Women in Security

Extraction des ressources naturelles et violence contre les femmes autochtones: Ô Canada

Quel lien existe-t-il entre l’extraction des ressources naturelles et la sécurité des femmes au Canada?

Dans le contexte de notre campagne des #16jours pour éradiquer la violence genrée ici et ailleurs, nous avons publié plusieurs articles analysant les efforts et les manques nationaux du Canada. Examiner comment notre développement économique affecte les relations de genre et autochtones sont des exemples à pleinement considérer lors de cette campagne.

« Out of sight, out of mind », un nouveau rapport d’Amnistie International, a récemment fait la une. Celui-ci a pour but de susciter une prise de conscience sur l’impact autochtone genré de l’industrie d’extraction des ressources naturelles en Colombie-Britannique.

Les femmes autochtones se trouvent à l’intersection de tensions inter sectionnelles créé par les effets socio-économiques de la mondialisation. En effet, il existe un lien entre l’afflux de travailleurs migrants/temporaires créé par des besoins engendré par une industrie d’extraction grandissante, entre la demande de main d’œuvre internationale, et des politiques sociales inadéquates, et la violence faite aux femmes autochtones se situant dans ces régions à risque.

Cette étude est intéressante car elle nous rappelle que les questions de violence genrée sont à comprendre dans l’entièreté de leur cause. Les conditions socio-économiques, et les conditions culturelles sont des éléments importants contribuant à soutenir la violence faite aux femmes. Dans le cadre du commencement de l’Enquête Nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues, il est plus qu’important d’analyser les différents facteurs qui engendrent la violence genrée directement ou indirectement, du secteur privé, public et citoyen.

Dans ce cas-ci, l’afflux de travailleurs migrants dans la région de BC réduit la capacité d’offre de services locaux de garderie et de santé, tout en augmentant le coût de la vie. Ce phénomène élargit le déficit économique entre hommes et femmes autochtones habitant et travaillant dans ces régions. Les femmes et filles autochtones sont plus sujettes à être victimes de violence à la maison et au sein de la communauté canadienne, et le manque de moyen économique oblige certaines à rester dans des relations abusives ou des refuges inadéquats, faute d’alternatives.

De plus, le manque de discussion publique et éducation sur les attitudes racistes envers les populations autochtones légitime un manque de service de protection répandu dans les services de GRC dans la région, ce qui fait déjà l’objet d’enquêtes provinciales et de plusieurs organismes non-gouvernementaux.

L’engagement du gouvernement canadien en ce qui concerne la protection de l’environnement et des territoires autochtones s’avère être contredit par son approche économique sur lequel se basent l’attribution de permis d’extraction des ressources naturelles en Colombie-Britannique. De plus, le développement industriel des ressources enfreint les pratiques identitaires autochtones et la préservation des habitats naturels, comme l’accès aux chemins de chasse par des individus extérieurs et les travailleurs migrants. Le développement durable canadien doit inclure une perspective du genre qui transcenderait les barrières structurelles mettant les femmes autochtones en danger.

Bien que des initiatives ait été prise pour inclure des travailleurs autochtones dans les projets, tel que des partenariats pour les compétences et l’emploi (PCEA), beaucoup ont été coupée ou font l’objet de révisions restreintes.

Le gouvernement doit donc confronter ces facteurs structurels et historiques qui contribuent à la violence genrée envers les femmes et filles autochtones, et appliquer les solutions adéquates.

 

Recommandations

Réaction :

  • Les gouvernements locaux devraient offrir plus de services de refuge, et service de soutien contre la violence domestique ou, du moins, soutenir les initiatives locales

Prévention :

  • La construction de barrage hydroélectrique devrait inclure des politiques socio-économiques soutenant l’éducation contre la violence genrée. Offrir, par exemple, des formations obligatoires pour ses travailleurs temporaires. Les gouvernements provinciaux devraient inclure cette condition dans l’octroi de permis d’extraction.
  • Les moyens modernes d’extraction affectent les territoires autochtones et la conservation de ceux-ci. Les industries devraient donc inclure le savoir-faire des communautés et certainement des femmes autochtones en ce qui concerne la conservation de l’environnement.
  • Les gouvernements provinciaux devraient soutenir les campagnes et les organismes locaux tels que Moose-Hide –sorte de campagne HeforShe« à l’autochtone ». Sa mission est d’engager les hommes autochtones et non-autochtones de prendre position et dénoncer la violence faite aux femmes et enfants de la communauté.
  • Soutenir les programmes communautaires et professionnels pour intégrer les hommes et les femmes autochtones dans le marché du travail du secteur d’extraction, tel que décrit dans ce rapport de IWGIA (International Working groups for Indigenous affairs). Ce rapport est une étude de cas et guidelines pour les professionnels travaillant dans l’industrie des ressources, dans le but d’intégrer la main d’œuvre et le savoir-faire autochtone dans le respect de leurs valeurs et territoires.  « Integrating Indigenous and Gender Aspects in Natural Resource Management », promeut de consulter les représentants de populations autochtones à chaque étape de préparation et exécution des projets d’extraction tel qu’expliqué dans ce diagramme :

capture-organigramme-iwgia-report

Source: IWGIA (2005)

De plus, l’exécution du projet devrait toujours offrir un approche du genre, et en ce qui concerne l’impact du projet sur les relations hommes-femmes dans les réserves.

 

Conclusion

Plus qu’une stratégie de responsabilité sociale des entreprises (Corporate Social Responsibility), le soutien pour les femmes autochtones, et la prise de position contre la violence genrée, passe par une prise de conscience de l’importance de la situation au Canada par les canadiens et le gouvernement. Les industries et organismes devraient avoir l’obligation d’offrir des outils conceptuels et pratiques compréhensifs pour intégrer une méthode interdisciplinaire de conservation de l’environnement, des questions indigènes et d’intégration du genre dans la gestion de l’extraction des ressources naturelles.

De cette manière, le Canada semblera réellement appliquer les cadres légaux qu’il a signé, tel que CEDAW et document de travail OIT 169 (Convention des peuples indigènes et tribaux à l’Organisation Internationale du Travail).

 

Photo: Personne à pied sur un pipeline (2015), by Unnamed via Pixabay. Licensed under CC0.


Disclaimer: Any views or opinions expressed in articles are solely those of the authors and do not necessarily represent the views of the NATO Association of Canada.

Author

  • Megane Visette

    Mégane Visette –editor of the Women in Security program– is a recent MA graduate in Political-Science and Asia-Pacific Studies. She has a BSc. in International studies from Université de Montréal (UdeM) in Quebec. She speaks English, French, and is learning Korean and Japanese. Mégane’s current research focuses on the soft power of North Korean refugee narratives, human security, and historical memory in transpacific relations. Having previously lived in Europe and South Korea, Mégane wishes to use her many research interests in policy-driven environments and academia, to give her input to changing discourses in IR. She presented a paper at the SAIS Johns Hopkins Asia Conference in April 2016, and was on the organizing committee for the Munk School of Global Affairs Graduate Conference, focusing on the concept of borders in flux. She’s currently on the editors’ team of the UTJPS Journal at the University of Toronto. Mégane can be reached at megane.visette@outlook.com

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Megane Visette
Mégane Visette –editor of the Women in Security program– is a recent MA graduate in Political-Science and Asia-Pacific Studies. She has a BSc. in International studies from Université de Montréal (UdeM) in Quebec. She speaks English, French, and is learning Korean and Japanese. Mégane’s current research focuses on the soft power of North Korean refugee narratives, human security, and historical memory in transpacific relations. Having previously lived in Europe and South Korea, Mégane wishes to use her many research interests in policy-driven environments and academia, to give her input to changing discourses in IR. She presented a paper at the SAIS Johns Hopkins Asia Conference in April 2016, and was on the organizing committee for the Munk School of Global Affairs Graduate Conference, focusing on the concept of borders in flux. She’s currently on the editors’ team of the UTJPS Journal at the University of Toronto. Mégane can be reached at megane.visette@outlook.com
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