Dans un café populaire de Gaborone au Botswana, trois jeunes femmes boivent leur café et discutent. De prime abord, rien dans cette scène ne paraît anormal si ce n’est leur manière de payer leur café – avec leurs téléphones portables. De plus, le fait que leur téléphone ne soit pas un smartphone est surprenant. Au Botswana – le pays ou l’usage du mobile banking est le plus haut au monde – ce n’est pas l’ « Apple Pay » ou même « Orange Cash » qui dominent le paiement mobile. En effet, en Afrique de telles transactions ne fonctionne pas comme les ‘porte-monnaie mobiles’ que nous connaissons et qui sont, effectivement, des versions digitales des cartes de crédit ou débit. Les Africains envoient et reçoivent de l’argent par simples messages textes depuis un téléphone portable avec un compte « Mobile Money ».
« Mobile Money » a commencé au Kenya en mars 2007 avec M- PESA (M pour « mobile », PESA pour «argent » en langue swahili). À l’origine, M-PESA avait pour objectif de faciliter le remboursement de microcrédits mais sa simplicité poussa rapidement les clients à se détourner de son usage d’origine. Alors que des services comme « Apple Pay » se base sur les réseaux de 3G (ou plus), le « Mobile Money » se base majoritairement sur l’USSD (Unstructured Supplementary Service Data). Ce protocole est comparable a celui utilisé pour envoyer des SMS et est compatible avec des téléphones portables bas de gamme que l’on retrouve en grand nombre sur le marché africain. « Mobile Money » a un autre avantage – il ne requière pas de compte bancaire. Un compte « Mobile Money » est un compte électronique lié au numéro de téléphone.
M-PESA a commencé son test pilote avec 500 personnes, aujourd’hui le service compte plus de 18 millions d’utilisateurs qui effectuent près de 8 millions de transactions par jour. Au niveau mondial, on peut s’attendre à voir le nombre de transactions atteindre 50 millions d’ici la fin 2017. Ce n’est pas difficile à envisager, aujourd’hui en Afrique le taux de pénétration de la téléphonie mobile est de 70%, avec certains pays ayant même des taux supérieurs à 100% (Mali 124%, Gabon 118%, Botswana 112% et Gambie 104%). Couplé avec un taux de bancarisation le plus faible au monde il est fort possible que ce service si rapide et efficace puisse transformer les operateurs de télécommunications en opérateurs bancaires.
Photo: “The Mobile Frontier”(2012), by Rachel Hinman (Rosen Media) via Flickr. Licensed under CC BY 2.0.
Disclaimer: Any views or opinions expressed in articles are solely those of the authors and do not necessarily represent the views of the NATO Association of Canada.