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Le succès du Nouveau Parti démocratique au Québec : un feu de paille ?

Jack Layton

Le NPD, dans sa forme naturelle, est un parti du Québec. Ne cherchez pas plus loin que des sondages les plus récents, qui montrent que l’appui au NPD chez les électeurs francophones est loin devant le Parti libéral et le Bloc québécois avec 38%. De plus, depuis la dernière élection fédérale en 2011, le NPD tient 57 des 75 sièges au Québec – la plus grande percée régionale dans l’histoire du parti. Mais qu’est-ce qui a pris tant de temps ?

La Fédération du Commonwealth coopératif (CCF), le prédécesseur du NPD, avait eu une histoire longue et tumultueuse au Québec. Fondé en 1932, le CCF a tenté de mettre fin à la Grande dépression au moyen d’une plate-forme des programmes sociaux, du nationalisme et de la centralisation constitutionnelle. En effet, le CCF estimait que des fractures provinciales étaient subordonnées à la raison d’état du parti national. Par conséquent, le CCF avait très peu de succès électoral au Québec.

En 1961, le CCF a été remplacé par le NPD dans l’intention de réaliser des percées en Ontario et au Québec. En modérant sa plate-forme pour élargir sa base de soutien, le NPD a renforcé son appui à travers le pays au niveau provincial. Malgré la réorganisation, le parti avait manqué de gagner l’acceptation des électeurs au Québec au niveau fédéral.

Le ton plus modéré du NPD sur le libre-échange leur permit de se reconstruire au Québec comme parti francophone et progressiste.

Et puis, à partir de 1968, le climat politique au Québec a changé. Le chef des libéraux, Pierre Elliott Trudeau – qui était un fort critique du nationalisme québécois – est devenu premier ministre. Selon Trudeau, la fédération canadienne n’était qu’une union des provinces égales, différentes seulement en termes du territoire. En outre, beaucoup sont de l’avis que la politique de Trudeau sur le multiculturalisme a banalisé les différences entre les régions du Canada, menant à une « nation commune » composée des cultures absorbées. Cette approche a été formalisée dans la Constitution de 1982, que le Québec n’a jamais signée. Par conséquent, les électeurs québécois ont rejeté le multiculturalisme au Canada, favorisant plutôt une approche qui reconnait les nations distinctes au sein de la fédération. Avec Trudeau et les libéraux comme la plus grande menace à la culture québécoise, les électeurs se sont mobilisés pour le Parti conservateur, puis le Bloc québécois – mais pourquoi pas le NPD?

À la fin des années 1980, l’accent de l’élection fédérale était le libre-échange, essentiellement à cause du gouvernement de Brian Mulroney qui a tenté de signer un accord de libre-échange avec les États-Unis (ce qui allait devenir l’ALENA). Au Québec, la plupart des électeurs étaient résolument pour le libre-échange. En effet, les partisans conservateurs l’avaient principalement appuyé pour motifs économiques ; d’autre part, les partisans du Bloc étaient des forts promoteurs parce qu’ils croyaient qu’accord avec les États-Unis pourraient rendre l’économie québécoise moins dépendante du reste du Canada, menant à son tour vers un Québec plus souverain. Au cours du débat, le NPD restait fondamentalement contre le libre-échange, citant un manque des normes environnementales  et en matière de travail adéquates aux pays partenaires de libre-échange. De façon peut-être prévisible, cette position a rendu le parti un choix distant au Québec.

Une vingtaine d’années plus tard, les souvenirs du débat autour de l’ALENA au Québec se sont largement estompés. Pendant ce temps, le NPD a employé un ton plus modéré sur le libre-échange. Ces facteurs ont contribué à créer un environnement parfait pour le NPD de prendre sa place comme le parti du Québec francophone et progressiste. En effet, en 2011, le NPD a fait ses gains historiques dans la belle province.

Toutefois, il est aussi important de reconnaitre la forte pression à l’époque des militants néo-démocrates comme Thomas Mulcair et Brian Topp, qui ont fortement poussé pour une campagne solide au Québec. De plus, juste avant l’élection, le chef du NPD Jack Layton avait eu une monté soudaine de la popularité au Québec après son apparition sur Tout le monde en parle.

Aujourd’hui, le chef actuel du NPD, Thomas Mulcair, est encore plus modéré sur des questions de libre-échange. Étant donné des sondages qui présentent constamment le NPD à la position de tête au Québec, on peut raisonnablement supposer que le succès du NPD au Québec est tout sauf qu’un feu de paille.

Rebecca McFadgen
Rebecca McFadgen is a recent Political Science MA graduate from Dalhousie University in Halifax, Nova Scotia. During her studies, Rebecca developed a keen interest in Aboriginal rights, environmental issues and maritime security. Rebecca's Master's thesis examines the impacts of the Canadian federal and provincial governments' duty to consult on the empowerment of First Nations communities in sustainable resource development decisions. She also holds a BA with Honours in French and Political Science from Dalhousie and completed her undergraduate thesis in French on the unique political situation of Saint-Pierre-et-Miquelon.